26 août 2006

Angélique Ionatos - 26 au 28 mai 2006


Quelle femme extraordinaire! Quelle belle rencontre! Quel magnifique violoniste que Micha!
Elle m'a envoyé un fax depuis Alger pour le programme 06-07:
Pourvu que l’Esprit continue à “frapper”, comme un battement de coeur, comme un appel têtu et indocile, comme le pied du musicien qui bat le rythme, qui “trouve le corps et troue la mémoire”. Nous avons un besoin urgent des “esprits frappeurs” qui sont là pour nous rappeler que l’art vivant s’apprend et se ré-apprend grâce à des lieux où artistes et public peuvent se regarder dans les yeux, se sourire, partager la parole nue et le chant, se faire des confidences que seule la proximité permet. Mais “nul sans ailes n’a le pouvoir d’atteindre ce qui est proche” ( Holderlin)

Angélique Ionatos

Le Cirque des Mirages - 17 au 19 mai 2006


Paris début de siècle.
Oui mais lequel ?
La nuit étrangle ses réverbères, lucioles décharnées, squelettiques vers luisants.
Morts-vivants naufragés, garde-ivrognes, leur unique pied, luisant d’urine, planté aux rebords de la sombre ruelle…
L’hiver a mis ses chaînes et grelotte sous son bonnet d’étoiles jaunies. La brume déroule ses écharpes, cotonneuses tentacules, raseuses de pavés.
Tout au bout de la ruelle, là où les derniers hôtels louches semblent se rejoindre, deux étranges silhouettes titubantes de peur et de fatigue, collées l’une à l’autre, semblent attendre. Figées.
L’une grande, l’autre petite. Comme si le point était tombé du i.
- Je suis le Comte Yanowski, vous ne me faites pas peur !
Voix qui tremble, parole menteuse.
- Et moi, je suis Fred Parker ! dit le point.
Plume brillante quoique hérissée, bec en avant, il lance en tous sens ses encres bleues.
- Façades gribouillées, guten tags !
Crachin. Délicates souillures dégoulinantes aux devantures. Traits. Vite avalés par les buvards assoiffés.
Collées aux portes cochères, les ombres sont là. Elles attendent quelqu’un. Quel conque… Un corps à prendre, un corps de sang, de chair et d’os. Ombres poursuivies par leurs hommes…
- Nous ne pouvons pas mourir ! Nous sommes le Cirque des Mirages ! Des Mirages, vous entendez ?! Mirages ! Illusions ! Néant !
Zoom avant. Le comte, yeux cernés, pris par le kôhl. Sa main gauche enfoncée dans sa poche sans fond. Dans sa poche sans fond, sa main, blanche, serrant une petite fiole. Dans la fiole, des pilules. Pour ne plus avoir peur.
- Fred… Je crois qu’on a basculé. Joue quelque chose…
- Je n’peux pas, j’ai oublié le piano dans la chambre d’hôtel…
Zoom arrière. Plongée. Autre bout de la ruelle. Là où les derniers hôtels louchent.
L’enfant à tête de chien, debout, fait claquer son fouet dans la brume. Son maître, à tête d’homme, fait le beau. Collées aux portes cochères, les ombres applaudissent, mais l’on n’entend rien. Le maître à tête d’homme se met à danser.
Et les ombres dansent aussi. Et les bras des ombres passent au travers des torses des ombres. Et tout se mélange. On ne sait plus quoi est à qui…
Soudain une enseigne s’allume dans l’air imbibé de crachin, d’encre bleue et d’écharpes cotonneuses. Elle clignote même. Fatiguée, elle clignote.
A force de clignoter, elle a des ampoules. Dessins dans l’air imbibé. Quelques bouts de mots usés. Consonnes et voyelles se font la gueule…
Enfin, ça clignote. CE SO R, L CIRQ DES M RAG S – allumé - CE S IR, LE C RQU DES MIR GES – éteint - CE SO R, L CIRQ DES M RAG S – allumé - CE S IR, LE C RQU DES MIR GES – éteint –
Ca marche ! Il y a la queue. Une longue colonne. Ce sont les spectateurs.
Zoom avant. Contre-plongée. Protubérances. Seins de frauleins. Sexes épilés, moiteurs, lourds parfums. Ambre. Folles et fous. Folles et folles. Foule affolée.
Un couple. Lui a l’air d’un épouvantail. Elle tient une jambe dans sa main. Emballée papier kraft. Avec un nœud. Merci, mon chéri. Le prêtre sourit et l’embrasse.
- T’as vu, Fred, je crois bien qu’ils viennent pour nous…
- Ah bon ? On avait un concert ce soir ?
- Ben j’en sais rien… Quel jour on est ?
- Ben, ça dépend… Quel siècle on est ?
- Tu crois qu’on a vraiment basculé ?
- Je n’sais pas.
Collé, piétiné, coincé entre deux pavés, un programme.
AU CHAT QUI GROGNE. CE SOIR, LE CIRQUE DES MIRAGES. ULTIME AVANT-PREMIERE. TOURNEE D’ADIEU AVANT LEUR GRAND DEPART POUR LE REVE ET LA FOLIE. PARKER ET YANOWSKI. CHANSON EXPRESSIONNISTE.
- Fred, c’est toi qui a fait miaou ?

Alain Nitchaeff

Rinaldi - Lacouture - 11 au 14 mai 2006


Egalement des habitués. Une fidelité à toute épreuve! Et comme d'habitude, deux très beaux spectacles avec, en final, quelques chansons en commun. bon, cette fois-ci, Pascal Rinaldi ne m'a pas cassé de chaises et n'a pas mis des cacahuètes partout… je veillais au grain!

Paule-Andrée Cassidy - du 4 au 7 mai 2006


Comme toujours, les retrouvailles avec P-A et Bruno Fecteau ont été grandioses! En fait, on s'est retrouvé un peu avant, à Paris, mais ils ne s'y attendaient pas du tout. J'ai profité de ma semaine à Paris, pour le Centre de la chanson, pour aller voir pas mal de spectacles. Ainsi, le lundi si mes souvenirs sont exacts, je suis allé voir Gilbert Laffaille (l'homme qui fut le premier à m'encourager et à accepter immédiatement de venir quand me vint l'idée esprit frappeur), puis j'ai foncé au XXème Théâtre où je suis arrivé tout juste pour assister aux rappels. Du beau monde dans la salle: Serge Utgé-Royo, Anne Sylvestre, etc!
P-A et Bruno un peu sidérés de me voir à Paris! Lou, la fille de P-A était également du voyage. Paule-Andrée, la première fois qu'elle est venue à l'esprit, ce fut à l'initiative de Jean Dufour. Il me téléphone une beau jour de l'année 2002, pour me dire: il faut absolument que tu engages Paule-Andrée Cassidy, c'est une merveille!
Je ne fus pas déçu! Depuis, elle vient à l'Esprit tous les deux ans. Une histoire d'amour et d'amitié…